Morceaux de ciel
CROA 07/02/2015

CROA du 07 février 2015

le Dobson 600 mm est terminé depuis une quinzaine de jours, et a connu sa toute première expérience glacée dans la foulée, dans le jardin de la maison que je viens juste d'acheter dans le Limousin. Mais depuis, le temps est misérable. Sauf samedi dernier, ou le vent de nord nous a dégagé le ciel toute la journée. Meteo France annonce une soirée claire, puis une nuit couverte. Nous sommes avec une Lune gibbeuse descendante, donc ça peut laisser un créneau en début de nuit... Les éphemerides donnent un coucher de soleil a 18h pour un crépuscule astronomique a 19h50, ça laisse donc deux heures de bonne nuit noire et peut etre dégagée pour en profiter !

J'ai donc "jeté" le dobson 600 flambant neuf dans la voitu.re, et en route pour le Limousin, du coté de Crozant, ou la pollution lumineuse est plutôt raisonnable. J'arrive à la maison, mais là, les lampadaires sont déjà allumés, et on en a pour jusqu'à 23h. Pas de panique, je patrouille alentours et je me trouve rapidement une petite colline a 350m d'altitude, qu surplombe toutes les environs. Au pied de celle ci, un champ libre d'accès, bien dégagé mais entouré d'arbres, donc assez bien protegé du vent. Le temps de "planter la guitoune" et de s'habiller chaudement, il est 19h30, Vénus accompagne le Soleil dans sa chute à l'est, et Jupiter est déjà levée à l'ouest. Un peu de lumière zodiacale est visible sur l'ecliptique (ce n'est pas souvent que je peux la voir d'ailleurs). 

Le dobson en place

Pour accompagner ma nuit, j'ai surtout jonglé entre l'Ethos 21 qui attendait l'arrivée du nouveau scope, et l'Ethos 17, qui me sert habituellement pour le 400 mm. Le tout accompagné du Paracorr II. Grossir plus était peu probant car la turbulence était assez méchante (le jet stream devait s'en donner à coeur joie...). Un rapide test sur Jupiter me confirme que sauf à attendre une fenetre de 1 seconde toutes les 2 minutes, ce n'est que moyennement la peine de tenter de grossir à mort. Et puis je ne suis pas encore confiant sur ma collimation avec le bestiau...

Qu'à cela ne tienne, on va se concentrer sur les objets larges du ciel profond, on verra bien...

Je n'ai pas voulu commencer par M42 pour ne pas gacher mon plaisir, alors j'ai pointé M33, qui est encore assez haute. Je suis habitué à voir un halo qu'à autre chose, mais ce soir, les spirales et les granulosités sont tout simplement là, avec le noyau plutôt ponctuel. Du beau du propre comme on dit :) Elle cadre bien dans l'Ethos 21 et deborde du champ de l'Ethos 17. Bien que ce ne soit pas vraiment l'instrument pour ça, je vais tout de même voir M31. L'expérience est telle qu'attendue. Le bulbe est la, mais les bandes sombres sont difficiles à voir. M32 et M110 sont également "zieutées". Toujours en échauffement, je tente M1 avec et sans filtre : on devine bien la forme de berlingot, plutot aplatie avec une sorte de "pointe" coté est. C'est un bon début, mais il faudra y revenir.

Mais je n'y tiens plus, je voudrais voir M42. J'en ai même oublié NGC 891 qui aurait surement aimé que je lui rende visite... je réparerai cette affront à la prochaine sortie. Allons donc pointer notre nébuleuse d'Orion : c'est un peu le test de base tout de même, une sorte d'étalon. Je ne essayer de ne pas trop m'apesantir : c'est la plus belle nébuleuse de l'hémisphère nord... le "coeur" est propre et bien craquelé, sans filtre... la bordure "verte/violette" ressort bien, avec les "ailes" découpées au cutter. Tout le tour de la corolle se détache également bien, ce qui est moins habituel. La partie "rouge" est moins facilement visible tout de même. A noter que la forme de virgule de M43 apparait bien proprement, on a du flux !! Running man (NGC 1977) est également bien visible.

Mais attendez voir, d'habitude je vois déjà à peu près tout ça dans le 400, alors quid ? mon 600 serait-il décevant ? ... Sot que je suis, je n'ai même pas de filtre, je suis en train de l'observer en vision directe et diurne (elle m'a fait perdre ma vision nocturne). J'essaie avec le OIII puis le Hbeta, mais ce n'est pas très probant (la vision nocturne flinguée doit y etre pour quelque chose). Bref il y a bien changement de braquet sur ce coup, et d'une manière générale, certaines nébuleuses m'ont apparu ce soir meilleures sans filtre. Il faudra réessayer la prochaine fois avec les filtres et une bonne vision nocturne pour comparer.

Je prends quelques minutes pour recouvrer une vision pas trop mauvaise, et je m'en vais pointer M81/ M82 qui grimpent tout schuss. Là encore c'est une sorte d'étalon. En cherchant sur zone, je tombe sur NGC 3077. Je me dis "tiens, M81 est pas tres belle ce soir..." puis je réalise mon erreur, je corrige et la... tiens mais que fait M31 par ici ? On voit toujours aussi bien le noyau, mais le bulbe et le disque apparaissent, et le volume de cette galaxie change du tout au tout. Mais les spirales sont encore de l'ordre du devinage plus que de l'évident. Passons sur M82, et la aussi, on change de braquet. Les veines sombres centrales sont là, mais je notte surtout les deux "flameches" de part et d'autre du cigare, que je ne vois pas d'habitude. Là aussi, on a du flux !

Pendant que je traine dans la grande ourse, je mets le cap sur M108 et M97 (le Hibou). Aucun problème pour les trouver et pour les discerner. Par contre nous sommes au levant, et pas encore bien haut. Il faudra y revenir au printemps. De l'autre coté du cadre se trouve M109 que je m'en vais visiter, je tombe également sur NGC 3953 par hasard. Bigre, les galaxies se révelent bien facilement. Vivement l'amas de la vierge pour l'éclate totale... Au passage je vais jeter un rapide coup d'oeil a M51, bien trop basse pour être admirée. Mais j'ai tout de même les deux bulbes et le disque de NGC5194.

Mais trève de plaisanteries, et en route pour l'étape suivante, celle qui me fait réellement envie ce soir : la tête de cheval... je n'aurai pas de difficulté, je l'ai déjà "devinée" dans le 400 mm donc je sais où la trouver (voir ici) Commençons par pointer Alintak : tiens, la nébuleuse de la Flamme (NGC 2024) est bien visible sans filtre, avec son chenal central qui la morcelle et l'éparpille... je descends au sud et je loge Anitak au dela du champ : il me semble pouvoir deviner IC434 sans filtre, mais on a tellement l'habitude de l'espérer que je me dis que c'est encore moi et ma foi astronomique déraisonnée. Pas grave, chaussons le Hbeta. Ah oui là ça change : le "trou" de B33 se trouve assez facilement, mais ce qui frappe, c'est qu'on voit bien la forme de la nébuleuse : la frontiere ouest bien tranchée, et les extensions est. Comme sur les photos ! Je me recadre sur B33, et en vision décalée, on voit nettement le creux sombre se découper sur la toile de fond de la nébuleuse, puis on devine l'excroissance vers le nord (le museau). Bref, là je commence à être content !! A noter que NGC 2023 apparait également vers l'ouest (halo autour de l'étoile).

Je reste dans le coin et je passe sur la rosette : NGC 2244 se trouve tres facilement en cheminant depuis les gémeaux. Je visse le OIII et la nébuleuse environnante (NGC 2239) apparait, et se voit assez bien : le trou central et les renflements autour sont évidents, ave l'aspect "triangulaire" et quelques bulbes plus renflés. Je n'ai pas pu discerner de filaments, mais il faut pas trop en demander non plus... Une rapide tentative sur la nébuleuse du cône qui est proche : je devine qu'il y a quelque chose de planqué sous le tapis d'étoiles, mais j'ai du mal a en dessiner les contours. La prochaine fois. Par contre je continue de monter dans les gémeaux et je tente la nébuleuse de la méduse, que je connais bien pour l'avoir photographiée. Elle est là, on devine un léger moutonnement derrière Propus. Je ne m'attendais pas vraiment à la voir, je suis content :).

Avant de quitter ces constellations d'hiver, un petit détour par le cocher pour tenter d'accrocher la nébuleuse "flaming star", assez haut perchée. Idem, je parviens à la deviner, mais je manque d'entrainement pour en apprécier les contours. A garder dans les cibles pour la prochaine sortie.

Cap juste après sur Les Pléiades pendant que je suis dans le coin : une petite tentative en clair et avec un filtre bleu, pour essayer de mettre en évidence les nébuleuses : pas déterminant, mais à réessayer sous le ciel du morvan... Par contre il y a plus d'étoiles a regarder, finalement ce n'est pas si mal au 600, on peut y passer du temps et se balader dedans.

Je finirai en remontant le long de Persée. Un essai sur la californie (NGC 1499). Plusieurs fois que je la tente au 400 sans succès. Là, je parviens à la détecter de façon certaine, mais franchement ce n'est pas l'objet le plus passionnant du ciel... Pour en avoir le coeur net, je tente les nébuleuse du Coeur & de l'Ame (IC 1805 et 1848) que je tente pour la première fois. Je parviens à les accrocher, et me balade quelques instants dans ce fond moutonneux assez vaste. Il faudra y revenir pour "apprendre" à les observer. Je termine par le double amas, autant pour le plaisir que pour vérifier que le Paracorr fait bien son boulot. Oui, c'est plutot efficace !

Voilà, il est 22h, et la grosse pointe le bout de son nez. Il est temps de ranger, ce qui est rapidement terminé. La prochaine sortie est dans une semaine, dans le Morvan, en espérant que le ciel sera avec nous !

Merci d'avoir eu la patience de me lire jusqu'au bout :).

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